l’Angevine Vanessa Cherruau a repris le château de Plaisance, propriété viticole de la famille Rochais depuis 80 ans. Associée à un investisseur.
Le serpent de vignes courrait depuis des mois, quelques années même. Entre les rangs, dans les salons des vins, il se disait que le château de Plaisance était à vendre, puis qu’il était vendu, puis que finalement non…
Situé sur la butte de Chaume, commune de Rochefort-sur-Loire, Plaisance est un domaine prestigieux et en biodynamie de 25 hectares, dont 21 hectares de chenin sur les AOC chaume, quart de chaume et même savennières.
Guy Rochais, son propriétaire, restait toujours énigmatique et malicieux, préférant évoquer la future appellation Ronceray, un anjou blanc sec de garde, plutôt que la vente de son domaine.
Forcément un crève-cœur pour ce vigneron hors norme et rebelle, épinglé en son temps par l’INAO pour son « chaume sec de Guy Rochais » qu’il rebaptisa l’Insolent de Chaume. L’AOC Chaume ne peut être appliquée qu’à un vin liquoreux, c’est la loi.
Militant de la première heure des « grands » anjou blancs secs, Guy Rochais s’en va l’esprit serein. À 62 ans. « Céder le château de Plaisance n’a pas été une aventure simple, mais de le savoir entre les mains de Vanessa ne me procure plus de doute quant à son avenir », dit le vigneron au célèbre chapeau de feutre.
Vanessa Cherruau, 32 ans, ne porte pas de chapeau mais un ventre bien rond de femme enceinte. Un bébé Plaisance est attendu durant ces vendanges 2019 qui marqueront aussi le premier millésime post-Rochais.
Dans la salle de dégustation qui domine le vignoble du Layon à 180 degrés, la nouvelle boss du château de Plaisance a le sourire jusqu’aux oreilles. Elle vit un rêve éveillé. Un rêve né il y a un peu moins de dix ans sur les bancs de l’Ecole supérieure d’agricultures d’Angers où elle suivait le master international vintage.
« Je ne me voyais pas m’installer sur un micro-domaine mais je n’avais pas non plus les finances pour acquérir un tel domaine. Dans ma tête, je m’imaginais sur un domaine d’une vingtaine d’hectares, bio, en Anjou et avec du chenin », raconte la jeune femme qui s’est fait la main de vigneronne chez Bouvet-Ladubay, au château de la Genaiserie, à Saint-Aubin-de-Luigné, ainsi qu’aux champagnes Lallier.
Elle a aussi beaucoup goûté les vins de vignerons du coin qu’elle admire comme Eric Morgat, Tessa Laroche, Antoine Sanzay ou encore Romain Guiberteau.
Sauf que l’expérience et la motivation ne font pas tout pour s’installer. C’est là qu’est intervenu Alain Paineau, négociateur viticole pour Quatuor Vignobles. Ancien de l’Esa, l’expert a mis en relation Vanessa Cherruau avec un investisseur financier qui était tombé sous le charme du château Plaisance il y a quelques années sans avoir pu concrétiser l’affaire.
« Ça a matché entre nous », dit la future maman qui n’est pas salariée du domaine mais bien associée. Entrepreneur dans l’Aisne et fils d’agriculteurs, l’investisseur tient à rester anonyme. Le tandem a conservé les deux salariés qui travaillaient avec le couple Rochais.
Les nouveaux propriétaires du château de Plaisance ne vont pas tout révolutionner, si ce n’est abandonner le peu de rosé qui était produit.
« Réveiller un peu la belle endormie », résume Vanessa Cherruau. Les vendanges passées, la nouvelle équipe s’attaquera prioritairement au vignoble qui nécessite de l’arrachage, de la plantation mais aussi du complantage.
Deuxième objectif : la restructuration du circuit de distribution avec la conquête de l’export et des professionnels (cavistes, restaurateurs…). Plus question d’écouler toute la production (60 000 bouteilles) en direct.
Troisième objectif : épurer la gamme et lui donner une identité. Quatrième objectif : travailler les cuvées pour plus de minéralité. Cinquième objectif : apporter de la biodiversité sur le vignoble.
La construction d’un nouveau chai et un projet oenotouristique sont également dans les cartons. Le travail ne va pas manquer à Plaisance.
source : https://www.courrierdelouest.fr/actualite/angers-le-celebre-chateau-de-plaisance-change-de-mains-23-09-2019-413822