On pourrait se dire que seul le nom change. Mais en fait, c'est toute l'identité d'une entreprise qui a eu mauvaise presse que le groupe viticole bourguignon Labruyère développement industries (LDI) a souhaité transformer en reprenant au cours de cet été l'entreprise piolençoise de négoce de vins, Raphaël Michel.
Il s'agit, pour le nouveau président exécutif d'Anagram, Sébastien Bouvet-Labruyère, de "regagner la confiance", ainsi qu'il nous l'a affirmé lors d'une rencontre dans ses nouveaux locaux, à Piolenc. Car la confiance des clients et des marchés, s'est volatilisée après les affaires qui ont secoué le petit monde de la viticulture ces derniers mois. Il va falloir également regagner la confiance de la profession ou tout au moins renouer de bonnes relations.
Pour se présenter, le président a rencontré dernièrement Michel Chapoutier, président d'Inter Rhône, Philippe Pellaton, président du Syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône et Etienne Maffre, président de l'Union des Maisons de vins du Rhône.
Entre 20 et 25 M€ d'investissement
Raphaël Michel a été placée en sauvegarde en octobre 2017 par le tribunal de commerce de Montpellier, à la suite de ses difficultés financières dues notamment à la mise en examen en juin 2017 de son dirigeant, Guillaume Rickwaert, pour "tromperie" et "escroquerie", par un juge d'instruction du TGI de Carpentras. La société a elle aussi été mise en examen pour les mêmes motifs. La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), dans un rapport rendu public, avait mis au jour une "usurpation massive de l'AOC viticole des côtes-du-rhône sur des volumes de vins estimés à plus de 480 000 hectolitres".
Sur le site de l'entreprise, à Piolenc, on s'est dépêché d'apposer la nouvelle identité de l'entreprise sur sa façade, tout comme de changer les panneaux indicateurs dans les rues dans la zone d'activité. "L'anagramme c'est le fait de transposer les lettres, sourit Sébastien Bouvet-Labruyère. C'est une belle analogie au vin. Notre métier, c'est d'assembler les vins, pour leur donner un autre sens." Il précise qu'Anagram, un nom anglicisé, veut "passer à une nouvelle histoire". Il a repris tous les salariés, une trentaine de personnes.
Le groupe LDI a monté "une structure de défaisance" pour acquérir le vraqueur, considéré il y a quelques mois comme le plus grand de l'Hexagone. Pour réaliser l'opération, indique Labruyère dans un communiqué, "les actifs (sociétés et domaines) du groupe ont été apportés à la société Dolia, filiale de la société Raphaël Michel, sous l'égide du tribunal (ndlr : de commerce d'Avignon)." Son président estime que "la singularité de la société, c'est son équipement, sa taille, qui lui permet de s'imposer comme acteur important".
Le groupe a prévu d'investir 6 M€ sur fonds propres, de s'appuyer également sur des financements bancaires de l'ordre de 5 M€. À terme, c'est entre 20 et 25 M€ que compte insuffler LDI dans Anagram, "une boîte intéressante" qui a l'objectif de redevenir le leader européen de l'assemblage de vins en vrac.
source : La Provence SA