Les Cathiard, propriétaires de Château Smith Haut Lafitte, à Bordeaux, viennent d’acquérir un domaine dans la Napa Valley, en Californie.
Depuis longtemps, la Napa Valley, au nord de San Francisco, fait rêver les Français. De nombreux propriétaires de châteaux, souvent Bordelais, et de grands groupes (Moët Hennessy, Pernod Ricard...) y ont investi dans des domaines de premier plan. Le phénomène s’est accéléré ces dernières années. Aujourd’hui, la mise en place par le gouvernement américain de droits de douanes à 25 % sur une bonne partie des vins Français importés aux Etats-Unis ( taxe dont le montant pourrait encore augmenter) constitue un premier motif valable d’acquisition in situ pour qui veut profiter du formidable marché du vin local. Sur place, les tarifs des flacons, sensiblement plus élevés qu’en France, l’importance de la vente directe et des clubs mis en place par chaque marque sont d’autres atouts.
Dans ce contexte, trente ans après l’acquisition de Château Smith Haut Lafitte, Grand Cru Classé, à Martillac, dont ils ont fait une perle de Bordeaux, Florence et Daniel Cathiard annoncent l’achat aux familles Komes et Garvey d’un domaine situé à Rutherford, au sud de St. Helena. “Nous avons un temps prospecté en Toscane, mais acquérir un domaine en Italie est vraiment très compliqué. Alors nous avons cherché en Napa Valley, où la viticulture est proche de celle que nous connaissons. En outre, nous avons des affinités familiales avec les Etats-Unis.”
Les voilà donc à la tête d’un joli ranch. “Le domaine de Rutherford compte 25 hectares de vignes entourés de 110 hectares de forêt primaire”, explique Florence Cathiard. Comme la plupart des propriétés perchées sur les coteaux de la vallée, la propriété est composée de plusieurs parcelles.
Les Français ne récupèrent pas la marque Flora Springs, conservée par le vendeur. Et peut-être l’image de Flora Springs ne correspond-t-elle pas aux ambitions des Cathiard qui souhaitent revoir la gamme du domaine. Jusqu’à présent, 600 000 bouteilles y étaient produites chaque année. A partir de la vendange 2020 -la première récolte des Bordelais qui n’ont pas racheté les stocks-, elle devrait descendre à 200 000 bouteilles. Le vin est appelé à progresser avec des rendements plus faibles, une agriculture bio, une approche plus précise du terroir... “Nous voulons retrouver l’esprit l’origine des pionniers, celui des frères Rennie qui ont créé l’exploitation en 1885. Nous allons installer sur place un jeune ingénieur agronome oenologue formé à Château Smith Haut Lafitte. Mon mari et moi-même nous rendrons sur place au moins trois fois par an pour des périodes de trois semaines.» Un très gros chantier attend les Bordelais qui souhaitent construire un cuvier adapté à leur recherche de précision, enterrer les poteaux électriques disgracieux… Les Cathiard veulent aussi profiter de l’oenotourisme très développé dans la vallée. “Nous disposons d’autorisations pour recevoir un grand nombre de personnes au domaine” ajoute Florence Cathiard. A coup sûr, ce Cathiard Family Estate devrait faire parler de lui.
source : Le Figaro