Les Mack, propriétaires d'Europa-Park, investissent en Alsace, à Plobsheim mais aussi, sûrement, à Wuenheim connu pour son château, l'un des seuls en Alsace à gérer un domaine viticole.
Adossée historiquement à la coopérative du Vieil Armand, la propriété de la dynastie Gros va connaître un second souffle.
Après les familles de Waldner et Gros, la famille Mack ?
Personne, y compris Noël Gros, fils de Jacques-Henri Gros, membre fondateur de la cave du Vieil Armand en 1958, ne souhaite confirmer pour l'heure une nouvelle qui agite le vignoble depuis plusieurs mois.
La holding de la famille Mack, propriétaire d'Europa-Park, va se porter acquéreuse du château d'Ollwiller et, par le biais d'un Groupement foncier agricole existant, remplacé à terme par une Société par actions simplifiée, de 25 ha de vignoble, 90 ha de bois et 50 ha de prés. « Rien n'est encore fait », lâchait récemment un Noël Gros prudent, attendant patiemment la signature du compromis de vente pour tourner définitivement la page d'une histoire familiale séculaire.
Seule certitude : le château d'Ollwiller se situe dans le giron des Gros depuis « presque 200 ans » et Thomas, l'un des trois enfants de Roland Mack, a fait le déplacement à Wuenheim pour rencontrer le conseil d'administration de la cave du Vieil Armand.
Autre certitude : la Safer a procédé « à l'attribution » des terres agricoles au profit de la holding des Mack, juste avant Noël...
« Une vente sûre à 95 % »
Disposée à s'en séparer depuis plusieurs années, mais pas au profit de n'importe qui et sûrement pas dans n'importe quelles conditions, la famille Gros aurait reçu « pas mal de propositions. Mais jamais nous ne voulions la céder à des gens qui n'avaient pas de projet », souligne Noël Gros qui ajoute qu'à « 95 %, la cession de notre propriété va se faire ». Selon un représentant de la Safer, la transaction « représente une très bonne chose pour la cave du Vieil Armand et le vignoble alsacien ».
Avant le 23 janvier, le commissaire du gouvernement devrait valider sans difficultés la décision du comité technique du Haut-Rhin, séduit « à l'unanimité » par un projet "viti-oeno" incarné par un Alsacien connu comme le loup blanc en Allemagne, un peu moins en Alsace.
«Je suis en contact avec Mathieu Kauffmann depuis un an », détaille Noël Gros. Et d'ajouter que lui et Mathieu Kauffmann ont « démarché » la famille Mack pour leur proposer le projet qui, visiblement, a mis l'eau à la bouche de Thomas Mack, chargé du secteur hôtellerie-restauration au sein de la holding familiale.
Mathieu Kauffmann, natif d'Ohnenheim, a commencé sa carrière en 1992 chez Wolfberger, dans le grand bâtiment noir qui abrite à Colmar les installations dédiées aux crémants. Elle prend un tournant extraordinaire lorsque Bollinger le recrute pour s'occuper de ses bulles champenoises.
Après 13 ans de bons et loyaux service à Aÿ, Mathieu Kauffmann démissionne et se fait recruter en 2013 par Achim Niederberger, « Selfmade-Millionär », propriétaire du prestigieux domaine Von Bühl à Deidesheim, dans le Palatinat. La presse allemande s'enflamme, en fait sa coqueluche et le baptise « Le Pep Guardiola de la bulle », tant l'Alsacien fait des étincelles de l'autre côté du Rhin.
Mais l'été dernier, le vent tourne. Mathieu Kauffmann se brouille avec un nouveau décisionnaire à la tête de Von Bühl, dont l'état d'esprit ne correspond plus à ses valeurs. « C'est le hasard de la vie », confie celui qui parle du château d'Ollwiller comme d'une « belle endormie » qu'il souhaite « redynamiser ».
La fidélité à la cave vinicole de Wuenheim dont les installations réceptionnent les raisins et vinifient à part les vins de la propriété des futurs ex-propriétaires du château d'Ollwiller n'est pas remise en cause. « La famille Mack ne souhaite pas casser le lien qui existe entre le château et la cave. La collaboration telle qu'elle existait avec la famille Gros va se poursuivre de la même manière. »
Mathieu Kauffmann, vigneron de l'année en 2019 outre-Rhin, a poussé le domaine Von Bühl à la certification du vignoble en biodynamie. L'oenologue alsacien souhaite réaliser la même chose à Wuenheim, avec le statut de régisseur, en collaboration avec des adhérents sensibles à l'agriculture biologique. « Le projet est en phase à 100 % avec les coopérateurs », souligne-t-il, ravi de remettre les pieds en Alsace.