"C'est dramatique pour les petits domaines familiaux comme le nôtre"
Mais cette annonce illustre la situation qui touche peu à peu le vignoble de Bourgogne. La famille Poisot s'est séparée de ses terres car elle ne pouvait régler les droits de succession. "Nous restons exploitants de l'ensemble des vignes, le domaine n'a pas été racheté. Nous continuons à travailler sans aucune interférence, LVMH a juste acheté les terres qui appartenaient à ma famille, à cause des problèmes de succession. Et c'est dramatique pour les petits domaines familiaux comme le nôtre, car nous perdons la propriété de la terre" a confié l'exploitant à nos confrères, "les droits de succession étaient tellement élevés… À un moment donné, nous ne sommes pas millionnaires, il fallait trouver une solution".
Vendre plutôt que transmettre
De plus en plus de petits domaines familiaux bourguignons sont en effet confrontés à l'explosion du prix du foncier dans la région et ne peuvent suivre, ces domaines étant souvent construits sur un modèle familial et paysan souvent ancestral. Le prix de la transaction de LVMH a été fixé par la SAFER, la Société d'Aménagement foncier et d'établissement rural, au vue des prix de ce secteur prestigieux.
"Les valeurs sont complètement décorrélées", déplore Thiébaut Hubert, le président de la confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB). "Une terre qui vaudrait 100 000 euros finit par valoir un million. Et plutôt que d’être taxé sur 100 000, on est taxé sur un million… Il n’y a plus aucune notion de valeur de travail et de rentabilité économique d’une parcelle." "Tant que l'Etat ne fera aucun rabais sur les droits de succession de l'outil de travail, cela continuera" s'inquiète pour sa part l'exploitant du domaine Poisot, qui, désormais, exploitera les vignes familiales que le groupe LVMH lui louera.
Source : RVF