lundi 7 novembre 2022

Bordeaux : Château Lascombes racheté par Gaylon Lawrence

Détenu depuis 2011 par la MACSF, le vignoble de 120 hectares produisant 350 000 bouteilles par ans pour près de 19 M€ de revenus est racheté aux deux tiers par Gaylon Lawrence, déjà propriétaire de plusieurs vignobles en Californie.

Au printemps 2019, la cession de Château Lascombes échouait à la veille du closing. Cette fois, sa vente est bien actée. Après onze ans de détention de l'actif, la Mutuelle d'assurances du corps de santé français (MACSF) se déleste d'une part de sa participation à l'homme d'affaires américain Gaylon Lawrence, présent dans l'agriculture, l'immobilier ou encore le chauffage. Le groupe mutualiste ne reste toutefois pas bien loin, puisqu'il réinvestit dans l'opération pour continuer à détenir 35,7 % du capital de la cible. Introduit auprès du cédant par une connaissance commune, ce milliardaire, fin connaisseur du monde du vin et de l'import en France en sa qualité de propriétaire de quatre domaines de la Napa Valley, était à la recherche d'un grand cru bordelais à reprendre et réalise ainsi sa première opération en Europe. Une rencontre arrivant à point nommé pour la MACSF alors qu'aucun schéma n'avait encore été dessiné pour acter la succession de Dominique Befve, à la tête de Château Lascombes depuis 2001.

Un TRI annuel de 6 % depuis 2011

Si aucun détail financier n'a filtré sur les contours de cette opération, rappelons que la MACSF a déboursé 193 M€ à son acquisition en 2011. Elle dégagerait ici un prix de revient de 188 M€ et aurait, selon nos informations, réalisé un TRI de plus de 6 % par an depuis 2011. Une performance dont le groupe mutualiste entend bien continuer à bénéficier, en s'armant toutefois de quelques gardes-fous : « Nous croyons beaucoup à la stratégie du repreneur, mais celle-ci pourra être longue à déployer. Nous avons donc structuré notre investissement de sorte à avoir une possibilité de sortie avec un revenu minimum », développe Roger Caniard, directeur financier de la MACSF. Les revenus de la vente sont donc en partie réalloués à la nouvelle opération, tandis qu'une partie importante du solde sera réinvestie sur les marchés obligataires. De nouveaux investissements directs en private equity sont également envisagés. « Dans le non-coté, nous pourrons être amenés à réaliser des opérations pour des montants moins importants sur des actifs emblématiques présentant un socle de valeur solide », commente le directeur financier.  

Limiter sa dépendance à l'Asie

Constituant l'un des plus vastes vignobles des Crus Classés de 1855, Château Lascombes produit en moyenne 350 000 bouteilles par an. Son vignoble s’étend sur 120 hectares de vignes en appellation Margaux (avec trois cépages : Merlot pour 55%, Cabernet Sauvignon pour 40% et Petit Verdot pour 5%), ainsi que 10 hectares en appellation Haut-Médoc. Malgré la crise sanitaire et l'impossibilité de voyager sur certaines géographies et ainsi séduire de nouveaux acheteurs, son activité n'a pas connu de trou d'air. Son chiffre d'affaires s'est ainsi établi l'an passé à 18,8 M€ pour un résultat de 7,5 M€. Il faut dire que le domaine a bien évolué depuis 2011, date à laquelle il était encore contraint par le poids de ses amortissements et le poids de sa dette. Depuis qu'elle détient la propriété, la MACSF a alimenté une stratégie particulière - inhérente à son métier - l'amenant à reverser chaque année l'intégralité du résultat sous forme de dividendes, mais aussi de vendre intégralement la production en primeur et éviter tout stock. La mutuelle a par ailleurs permis au domaine d'auto-financer la rénovation et l'extension de la chartreuse du Château Lascombes en bureaux et complexe œnotouristique, de racheter des terres en propre, ou encore de financer un cuvier neuf. Autant de bases sur lesquelles Gaylon Lawrence compte bien continuer à s'appuyer, tout en apportant de nouvelles perspectives au domaine. « Le repreneur présente la capacité à dérisquer le modèle, en diversifiant les débouchés géographiques de cette propriété qui commercialise aujourd'hui 70 % de sa production en Asie », développe Roger Caniard. Un développement qui devrait d'abord passer par l'Amérique et, dans un second temps, par l'Europe.

source : Aurore Barlier pour CFNews
https://www.cfnews.net//L-actualite/International/Operations/M-A/Chateau-Lascombes-s-unit-a-un-Americain-419857