En 1944, Armand Goutorbe fondait les champagnes Jeeper, en référence à la Jeep qu'il utilisait alors pour parcourir ses vignes. 65 ans plus tard, il vendait la maison Jeeper à Nicolas et Myriam Dubois, dirigeants de la société Pressoirs de France, principalement connue dans le vignoble champenois pour ses vins vendus à bas prix en grande distribution.
En janvier 2013, le dépôt de bilan de Pressoirs de France et son placement en redressement judiciaire par le Tribunal de Commerce de Reims défrayait la chronique, confirmant pour certains l'idée « que l'on ne peut vendre un champagne à moins de dix euros ». Directeur commercial de la maison Jeeper depuis janvier 2012, Alain Bergeot met les choses au clair en précisant que « cette petite histoire était souhaitée, afin de réaliser une restructuration financière, et en finir avec un bras de fer bancaire. Il n'y avait pas de risque, mais il aura fallu six mois pour que, eurêka !, l'on trouve le bon investisseur. »
L'homme providentiel n'est autre que Michel Reybier, notamment propriétaire du Cos d’Estournel (Grand Cru Classé de Saint-Estèphe) et domaines en Hongrie (Hétszölö, Lencsès Dülö). Désormais, la société Pressoirs de France n'existe plus, la Maison Jeeper ayant repris l'ensemble de ses activités tout en les plaçant au sein du groupe Reybier (sous le nom Reybier Dubois Champagnes). « Aucune casse sociale n'est à déplorer » précise Alain Bergeot, « il s'agit avant tout de modifications internes à la structure ». Et d'une apparente volte-face stratégique, la société comptant mettre un terme à sa production de vins premiers prix.
Certaines marques de distributeurs persisteront, mais les importantes capacités de production de la maison seront progressivement réorientées vers des assemblages plus haut de gamme, notamment sous la marque Jeeper. Commercialisant 300 000 bouteilles par an, la maison Jeeper a pour objectif d'en produire 800 000 dans dix ans (en tout, la société Pressoirs de France produit 2,5 millions de cols, grâce à 35 hectares de vignes en propre et 180 ha sous contrat d'approvisionnement).
Misant sur le grand export, la maison Jeeper veut désormais compter parmi les maisons champenoises de taille moyenne. Cette dynamique n'est pas nouvelle, « nous réalisons des tirages spéciaux depuis deux millésimes » confie Alain Bergeot, « nous les présenterons à la fin de l'année pour le lancement d'une nouvelle gamme premium. Intégrer un groupe du luxe et du vin, comme le groupe Reybier, est l'opportunité de booster notre développement. Nous l'aurions fait sinon, mais à la petite semaine. » Jouant la synergie avec le groupe Reybier, la maison Jeeper vise le grand export (Etats-Unis et Asie). Elle espère également mettre un terme à l'amalgame fait entre Jeeper et Pressoirs de France.
source : vitisphere.com/breve