La maison de négoce Diva Bordeaux va être acquise par le géant chinois de l'agroalimentaire Bright Food. Une première qui marque l'intérêt croissant pour le vignoble bordelais de la part d'investisseurs qui contrôlent ainsi leurs approvisionnements.
Après les châteaux, les investisseurs chinois s'intéressent désormais au négoce. Depuis 2008, une bonne vingtaine de propriétés viticoles sont passées dans des mains chinoises, à l'image du Château-de-Viaud, acquis par le groupe agroalimentaire Cofco, ou Château-Grand-Mouëys, acheté par NingXia, qui produit notamment de l'alcool de fruits. L'acquisition d'une société de négoce bordelaise constitue en revanche une première. Shanghai Sugar Cigarette and Wine (SSCW), filiale du géant de l'agroalimentaire Bright Food, va prendre 70 % du capital de Diva Bordeaux. Fondée en 1979 par Pierre Beuchet et dirigée aujourd'hui par Jean-Pierre Rousseau, cette maison de négoce basée dans le quartier des Chartrons, lieu historique du commerce du vin à Bordeaux, ne compte pas parmi les plus importantes ou les plus connues de la place. En revanche, elle entre probablement dans le Top 10 dès lors que l'on parle d'export. Environ 90 % de son activité, 33 millions d'euros l'an dernier, est réalisée avec l'étranger, dont une moitié en Chine. Ce marché qui absorbe désormais une bouteille de vin de Bordeaux sur dix a connu une croissance extraordinaire. Inexistant au début des années 2000, il est devenu l'an dernier le premier marché en volume et le deuxième en valeur derrière... Hong Kong. Ces deux destinations ayant généré 680 millions d'euros, soit plus de 34 % des ventes à l'export de vins de Bordeaux.
Dès lors l'acquisition de Diva Bordeaux est logique pour SSCW, qui possède 60.000 points de vente, dont plusieurs centaines de magasins de vin, et sécurise ainsi ses approvisionnements, même si Diva Bordeaux n'aura pas d'exclusivité avec sa maison mère. A Bordeaux, le commerce du vin est en effet contrôlé par quelque 300 maisons de négoce qui mettent sur le marché une bonne partie de la production et surtout l'intégralité des grands crus vendus en primeur. Car, à la grande surprise des étrangers, les grands châteaux ne vendant quasiment pas en direct, la valeur d'une maison de négoce reposant sur la qualité de ses relations avec les plus grandes propriétés. « Nous avons des allocations avec tous les crus classés et même avec ceux qui en accordent très peu », résume Jean-Pierre Rousseau, qui propose également toute une gamme de petits châteaux. « La contrefaçon de grands crus est commune en Chine. Cette alliance est aussi un label d'authenticité pour Bright Food », insiste Cyril Benoit, le banquier-conseil de Diva Bordeaux. Signe que la Chine s'intéresse prioritairement aux vins de Bordeaux, l'acquisition, dont le montant n'a pas été dévoilé, ne concerne pas le réseau d'une dizaine de sociétés créé par Diva en France (Bourgogne et Champagne) ainsi qu'à l'étranger.
Diva Bordeaux, qui emploie une quinzaine de personnes, reste dirigé par Jean-Pierre Rousseau, qui devient PDG et entre, comme Pierre Beuchet, au conseil de surveillance. « Outre des moyens financiers, cette alliance nous permet d'avoir accès à un important réseau de distribution. Car si Bordeaux veut maintenir son rang en Chine, il est désormais vital de développer la consommation du vin dans les classes moyennes », insiste Jean-Pierre Rousseau
source : http://www.lesechos.fr