Alors que les marchés fonciers ruraux souffrent globalement de la crise économique qui sévit sur le continent européen, les vignobles haut de gamme surfent sur la vague de la demande mondiale de produits de luxe. L'analyse de l'évolution du prix des terres que livre chaque année la FN Safer montre, globalement, que le nombre des ventes (terres agricoles, forêts, landes, friches et étangs, espaces résidentiels, maisons de campagne, etc.) a reculé de 4 % en 2012, à 209 000, en raison notamment du durcissement des conditions de crédits. En termes de valorisation le repli atteint 9 %. Quasi-exception, notamment par son ampleur, la hausse de prix à l'hectare de la vigne, particulièrement en AOP.
Les vignobles haut de gamme soutenus par le marché du luxe.
Au total, 8 300 transactions sur des vignes ont été enregistrées en 2012, portant sur 14 800 ha de vignes, pour un montant de 820 M€. Si les années 2010 et 2011 ont marqué une reprise de la croissance, en 2012 les transactions ont baissé, en nombre, de 6,3 % (*). En revanche elles progressent en surface de 4 %, et en valeur de 38 %. Le prix à l'hectare de la vigne AOP a atteint en France 131 700 €, en progression de 13,5 % sur une année. Un prix tiré vers le haut par le Champagne (+21,5%, et +19,6% déflaté) et quelques Grands Crus. Hors Champagne - dont le prix à l'hectare culmine à près de l, 1 M€ - le prix de la vigne AOP n'affiche qu'une hausse de 2,6 % (à 58 700€), soit + 1 % hors inflation. "C'est la plus faible hausse depuis le retour à la croissance du prix des vignes AOP hors Champagne amorcée en 2006" ... "La hausse est tirée par quelques appellations qui ont des débouchés au niveau mondial", souligne la Safer.
En Gironde, entre 2011 et 2012, le montant des transactions a bondi de 164M€ à plus de 365M€, mais 70 % de ce montant reviennent à seulement huit ventes. Ainsi, l'hectare d' AOP Pauillac a atteint 2M€ (+2 %), et à Pessac-Léognan il s'est négocié à 400000€ ( +2 % ). En faisant fi de ces ventes exceptionnelles, le marché dans le bordelais a cru de 10 % en surface et s'est plutôt réduit en valeur. En Bourgogne, les Grands Crus ont atteint en moyenne 3,8 M€ l'hectare. Insolite, la vente du château de Gevrey-Chambertin (la bâtisse médiévale du XII' siècle et le domaine viticole de 2,3 ha de la côte de Nuits) à un investisseur chinois, Louis Ng Chi Sing, pour 8 M€, prix jugé exorbitant par les spécialiste, inquiète les producteurs locaux.
Baisse des acquéreurs personnes physiques
2012 a donc été caractérisée par un certain nombre de transactions exceptionnelles de grands domaines. Des ventes réalisées notamment en janvier afin d'échapper au changement intervenu sur le régime fiscal des plus values. Par ailleurs, on observe également une baisse continue des acquéreurs personnes physiques, agricoles ou non. Depuis 2009, la pait de marché détenue par les personnes morales à plus que doublé, en nombre (à 16,4%), en surface (à 35,6 %) et en valeur (à 60,6 %).
Le prix des vignes à Eaux-de-vie (VEDVAOP) continue lui de croître, un marché fait essentiellement sur les vignes de Charentes-Cognac. Après avoir progressé de 13 % en 2011, l'hectare s'est hissé en 2012 en moyenne à 35 200 €, enregistrant un nouveau gain de 12 % sur un an. Un niveau qui demeure cependant encore sous les sommets atteints dans le début des années 90, valorisé alors à plus de 40000€.
Face à ce qui ressemble sur certains sites à une flambée des prix souvent en décalage avec la valeur économique réelle des biens, le marché des vins courants est demeuré atone, avec une moindre demande et des revenus en baisse. Toutefois, dans les zones dynamiques le marché s'est maintenu.
En outre, hors AOP, les prix des vignes sont revenus à leur niveau d'avant la crise de 2008/2009, grâce notamment à la demande et à l'augmentation des prix des vins avec et sans IGP. La valeur moyenne de l'hectare hors AOP s'établit en 2012 à 11900€, enregistrant une hausse de 6 % en 2012, après une progression de 4 % un an auparavant. Ces chiffres reflètent la situation du marché du bassin Languedoc Roussillon qui représente 70 % des vignes hors AOP entrant dans le calcul national des prix.
source : VSB